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Gaya sur sa lune
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23 septembre 2008

Le roi de Mycènes : XVII

Pourquoi suis-je sorti ? Parce que je le devais. Je sais bien ce qui va se passer désormais. Dois-je abandonner mon maître ? Oui, c’est sa volonté et son plus cher désir, la paix dont il rêve tant. Il va tuer le prince. Il va me laisser un peu de temps pour m’enfuir, puis il le tuera. Il le fera pour avoir la paix dans son esprit. Je le sais. Ceci fait, il se suicidera, d’où l’importance que je me sauve. Tout laissera croire que je suis le coupable de deux meurtres. Il me faut fuir, mais sans courir, pour ne pas attirer l’attention sur moi… Seulement je crois que je me suis perdu… Je traverse une grande salle. De partout il y a des serviteurs, des femmes qui rient et une autre forme isolée. Je laisse mon cœur aller vers elle.


En me voyant, Neaira, car c’est elle, s’enfonce encore plus contre le mur. Je comprends alors : sous le casque, elle ne peut pas me reconnaître ! Je l’ôte. Elle me regarde, surprise.


-« Achilloüs… Je ne pensais plus te revoir un jour ! »


Je la relève. Son ventre a très peu grossi et je dirais qui plus est que l’on pourrait croire, si c’est possible, qu’elle a maigri. Elle est pâle et semble si fragile, corps si mince dans de la belle étoffe bleue. Je serre dans mes bras ce pauvre petit corps un instant.


-« Viens, il faut sortir d’ici ! »


C’est elle qui me guide à travers la demeure. Les gens ne font pas attention à nous, des cavaliers et des esclaves c’est plutôt monnaie courante chez le chef de la cavalerie !


Au moment où l’on sort enfin, des cloches sonnent, comme une alarme. Les corps ont enfin dû être retrouvés. Nous quittons les lieux en vitesse. Si Neaira est étonnée, elle ne demande pas d’explications. Je pose ma belle sur Arès et je monte derrière elle. Je laisse là le cheval de mon maître, de toute façon Neaira ne sait pas monter. J’élance le nôtre au galop tout en essayant d’éviter le maximum de secousse à la jeune fille blottie dans mes bras. J’ai bien évidemment remis mon casque pour ne pas être reconnu. Nous arrivons bientôt à la sortie de la ville. Nous passons sous les hautes voûtes du corps de gardes. Bientôt nous serons libres.


-« Eh, cavalier ! »


Je me retourne pour voir qui est celui qui m’interpelle. C’est un petit garde posté pour surveiller la route qui s’approche de nous.


-« Que se passe-t-il là bas, pourquoi entendons-nous l’alarme ?

-On célèbre probablement le prince en sa demeure, ignorez-vous donc qu’il est rentré dans l’après-midi ? Le banquet doit être grandiose ! »


L’homme acquiesce, l’air presque convaincu. Je préfère ne pas profiter de sa réflexion pour m’enfuir car les soldats des tours ont des flèches acérées.


-« Les ovations doivent être immenses car le prince est un grand homme. J’aurais aimé le voir aujourd’hui, mais je devais garder mon poste. Où allez-vous comme ça, seigneur cavalier ?


-Ces affaires-là ne vous regardent absolument pas ! »


Le soldat regarde Neaira avec un air entendu. Il me sourit avec une lueur dans le regard que je n’aime pas. Je lui mettrai bien mon poing dans la figure mais cela me vaudrait pas mal de complications pour la suite.


-« Je vois, vous pouvez passer ! »


Tu ne vois rien du tout, espèce de sanglier ! Je fais avancer le cheval au pas. On s’éloigne petit à petit de l’enceinte de la cité mais j’ai toujours peur que quelqu’un nous rappelle. Lorsque nous sommes hors de portée des traits, je relance Arès au galop.


-« Achilloüs ! Réponds-moi, le bébé, que vas-tu en faire ? »


Deux choses me viennent en tête : la parole d’un vieux sage : ‘’Qui aurait voulu d’un bébé qui n’est pas le sien de toute façon ! Seuls des grands amoureux et encore !’’ N’est-ce pas ce que je suis grand-père ? Ne suis-je pas un grand amoureux ? Et puis deuxièmement, je ne suis pas Mycénien : si je veux la mère, je prends aussi l’enfant !


-« N’aie pas peur pour lui. »


Je ne sais pas si je l’ai rassuré, mais en tout cas elle n’en parle plus. Elle ne sait pas plus que moi ce qui va se passer et elle doit être en train de comprendre la situation critique dans laquelle nous nous enfonçons. Nous fuyons Mycènes sans aucune idée de l’endroit où l’on va, moi habillé de l’armure des cavaliers, ce qui m’empêche d’entrer dans toute cité qui n’est pas celle dont nous partons justement. Celle-ci, si j’y retourne, m’empêchera d’en ressortir vivant. De quel droit l’ai-je entraînée dans une aventure aussi incertaine !


Voici bien deux heures que nous chevauchons lorsque je vois au loin un animal qui vient vers nous. Il est plus gros qu’un renard mais plus petit qu’un sanglier. Plus mince du moins. Il ressemble assez à un loup ; peut-être un chien sauvage. Son allure est cependant pesante. Il vient vers nous. Je sais maintenant ce que c’est !


-« Horus ! »


J’arrête le cheval lorsque le chien est à ma portée.


-« Mais que fais-tu là, mon vieil ami ? »


En effet, j’ai vraiment l’impression que cette pauvre bête a beaucoup vieilli. Son poil n’est plus aussi brillant et sa démarche est plus lourde qu’avant mais c’est bien lui. Il me reconnaît malgré l’armure. Cela me fait penser au retour d’Ulysse chez lui, alors que seul son chien s’aperçoit que c’est lui malgré la dissimulation d’Athéna. J’espère seulement qu’Horus ne va pas mourir comme cela se passe dans la légende. En tout cas il n’a pas l’air de trop souffrir, il mange à sa faim. Cela signifie que son maître est sûrement dans les parages. Je réveille Neaira et descends de ma monture.


-« Montre-moi où est ton maître ! »


Le chien semble avoir compris ce que j’attends de lui. Je le suis, tirant par la bride le cheval où se tient ma bien-aimée. Elle aussi est heureuse de l’apparition ; elle rit aux aboiements de l’animal. Le seul indifférent à ces retrouvailles est Arès, qui comme bon cheval de bataille marche sans rechigner mais sans joie non plus.


Horus nous enfonce dans la forêt qui borde la route. J’aperçois en effet des indices prouvant qu’une caravane est passée il y a peu de temps. J’aperçois la roulotte tant aimée. Le colosse apparaît soudain et sort son glaive en me voyant. Il m’attaque, malgré les appels de Neaira, qu’il ne semble pas entendre. Moi je suis tellement stupéfait que j’en perds la parole. Par réflexe je dégaine et me défends comme je peux, terrifié à l’idée de lui faire du mal. Cependant j’ai l’impression, alors qu’il m’attaque, qu’il n’a pas non plus la volonté de me toucher. Bientôt il s’essouffle et cela m’arrange car le poids de l’armure commence à se faire sentir. Mes coups perdent de leur force. Soudain, sans aucune raison, il s’arrête et range son arme. Il part alors sur un grand rire tonitruant.


-« Alors comme ça tu maîtrise vraiment le glaive, petit ! Tu as bien changé depuis que l’on s’est quitté ! J’ai bien peur que désormais tu prennes de la place dans ma roulotte ! »


Je range aussi mon arme. Il s’approche de moi et m’ôte mon casque au sommier de plumes. Il prend ma tête et l’inspecte sous tous les angles. Il est encore un peu plus grand que moi et je crains de ne jamais pouvoir le rattraper. Il me serre dans ses bras musclés.


-« Je suis content de te revoir, mon garçon. Tu m’as manqué ! Je pensais enfin avoir trouvé de la compagnie en ta personne. Je suis resté seul trop longtemps. »


Il me relâche et je respire à nouveau. J’ai l’impression que s’il le voulait, il pourrait détruire mon armure en l’écrabouillant. Il aide Neaira à descendre du cheval, non sans me lancer un regard plein d’interrogations.


Tu es trop légère toi, et ce n’est pas bon ! Il va falloir que vous m’expliquiez comment vous êtes arrivés là, tous les deux, et ce que vous comptez faire ! »


Je lui explique toute l’histoire devant des grands bols de lait chaud, commençant par le fait que je suis probablement recherché pour meurtre. Neaira boit lentement à côté de moi, tout ouïe à cette histoire qu’elle ignorait aussi. Je me sens à ce moment même vraiment en sécurité, ce qui ne m’est pas arrivé depuis longtemps. Je reprends ensuite à partir du début jusqu’à la dernière discussion avec le prince. Neaira est sortie car repenser à son maître doit la faire souffrir et elle ne veut pas replonger dans ses souvenirs. Elle veut oublier. Je continue mon récit. A l’arrivée du nom de l’Africain, mon marchand sursaute presque et paraît embarrassé.


-« Onopiris… Ce nom semble venir de très loin, je ne l’avais plus entendu depuis des années.


-Savez-vous quelque chose de lui, maître ? »


Il sourit.


-« Pourquoi m’appelles-tu encore maître ? Il me semble que je n’ai plus grand chose à t’apprendre que tu ne sais déjà !

-C’est que vous ne m’avez pas encore donné d’autre nom à utiliser !

-Dans ce cas appelle-moi Stavros. Jusque là, c’est encore mon prénom, quoi qu’en disent certains. Et pour Onopiris, oui, j’ai bien connu sa famille et je sais où il est…

-Le prince a dit qu’il est une vraie brute ! Il est urgent que je le retrouve, je ne veux pas laisser ma mère un instant de plus entre ses mains ! »


J’imagine un homme immense et noir, avec un os dans le nez et des colliers de dents de loups frapper sauvagement ma mère. J’en frémis. Je suis sûr que ces Africains sont tous des brutes. Stavros ne dit rien. Il est calme, les yeux baissés. On dirait presque que le sort de ma mère lui est complètement indifférent.


-« Tu sais, Onopiris n’est pas un mauvais bougre… Il est costaud, mais au fond je suis sûr que c’est un brave homme…

-Mais il vient d’Afrique !

-Et alors ? L’Egypte aussi est en Afrique, et je ne suis pas plus méchant qu’un autre, je n’ai encore mangé personne, si ? »


Il a raison, bien sûr… Mais un homme qui achète ma mère ne peut pas être un homme bon. Le commerce des esclaves est un commerce barbare, qui le pratique est un mauvais homme ! Voilà un argument de taille qui prouve bien que j’ai raison sur ce type !


-« Qui se prend au vilain commerce esclavagiste est quelqu’un de mauvais ! Cet Onopiris est et j’en suis sûr, une brute à l’état pur, un parjure et un maudit des dieux…

-Stop ! Tu ne sais même pas ce que tu dis ! Je crois que finalement tu as moins grandi que je ne l’avais cru ! Si tu connaissais vraiment toute l’histoire, tu ne dirais pas tout cela ! Tu as déjà vu avec Dallès Nellendée que les jugements hâtifs ne sont pas toujours fiables ! Pourquoi reportes-tu ta haine de Mycènes sur cet homme que tu ne connais même pas et que tu n’as jamais vu ? »


Sur ce point là encore, il n’a pas tort.


-« Parce que tu la connais, toi, son histoire, peut-être ?

-J’en connais plus que toi, en tout cas !

-Et que sais-tu au sujet de ma mère ? »


Il se tait. Je scrute son regard, il ne peut plus se défiler et finira bien par se dévoiler. Que sait-il ? Il en a dit trop ou pas assez maintenant.


-« Cela remonte à un peu plus de quatre ans désormais… Un jour qu’il vendait ses produits à Mycènes, il a reçut une commande d’un des nobles. Il y est allé, espérant faire une bonne affaire. En passant devant une villa, il a vu une dame qui pleurait. C’était une image qui ne correspondait pas du tout avec la beauté du jardin. Elle n’avait pas l’air très appréciée parmi les autres habitants. Cette femme pleurait son ancienne famille, celle qu’elle avait avant l’esclavage. Onopiris était marchand à son propre compte et arpentait seul les routes, il n’avait pas de femme qui l’attendait quelque part. Il s’est dit que s’il emmenait cette femme, s’il la rendait heureuse, peut-être arriverait-il à se faire aimer d’elle…

-Comment peux-tu être sûr de ce qu’il pensait ? Son esprit était peut-être tourné sur des choses plus… mauvaises !

-Laisse-moi terminer ! Tu me demande ce récit alors écoute-le jusqu’au bout ! Il est allé voir le prince. Onopiris est un dur je pense, mais seulement en affaires. Pour se donner de meilleures chances de réussir, il y est allé avec sa forte carrure bien visible et sa mine franchement antipathique. Iorlas, trop content de se débarrasser d’elle la lui a laissée pour un prix très modeste en réalité. Je sais que son premier voyage avec elle fut de l’emmener jusqu’à son village, mais il ne restait que des ruines et des mauvaises herbes. De sa famille, il ne restait plus rien, alors ils sont repartis. Puis elle est tombée malade. Comme il ne pouvait pas se permettre de rester à son chevet pour la soigner, il l’a amenée à sa famille. Aujourd’hui il est encore sur les routes pour gagner de l’argent…


-Il faut le retrouver ! Je suis prêt à faire ce qu’il veut pour récupérer ma mère, mais il faut la retrouver ! Dis-moi seulement où il est, je t’en supplie ! »


L’homme ferme doucement les yeux pour réfléchir, comme s’il avait besoin de réfléchir !


-« Je suis désolé mais c’est non. Penses-tu à ton amie ? Que va-t-elle devenir si tu la laisses ? »


En vérité j’espérais qu’il s’occuperait d’elle, le temps que je revienne. J’ai eu tord, je n’ai pas à le solliciter : il ne me doit rien alors que moi je lui dois déjà beaucoup. Il faut maintenant que je me débrouille seul.


-« Ton amie et faible et elle est enceinte ; elle ne doit plus voyager et tu dois rester avec elle pour la protéger. Elle aura besoin de toi. »


Pendant un instant, je regrette presque de l’avoir emmenée. Qu’est-ce qui m’a pris ? Voilà que sa présence maintenant va m’attirer pleins de problèmes ! Et où est-elle d’ailleurs ? Voilà bien une heure qu’elle est sortie prendre l’air et elle n’est toujours pas rentrée ! Où est-elle ?


-« Où est Neaira ? »


Stavros se met à chercher avec moi mais elle n’est plus là. On entend au loin un aboiement. Je m’aperçois alors que Horus a lui aussi disparu. Je m’élance dans la forêt en direction des jappements de l’animal. Le marchand m’imite et me crie d’arrêter et de faire attention. Il oublie que j’ai passé mon enfance dans un bois similaire ! Je n’en cours que plus vite. J’ai la joie de voir que ma vitesse à la course n’est pas partie avec mon enfance, je cours toujours avec cette légèreté qui seule faisait l’admiration de mes copains. Cela me refait penser à cette scène terrible où nous courrions au village, alarmés par les cris des oiseaux. J’ai peur de retrouver au bout de ma course une autre tragédie. Je redouble la cadence : peu importe ce que je trouverais, je dois y aller.


Je vois Horus, je m’arrête. Neaira est là aussi, appuyée contre un arbre, la tête dans ses mains. Je m’approche d’elle pour la réconforter.


-« Laisse-moi Achilloüs ! Laisse-moi mourir… A quoi bon continuer à vivre dans ce monde ? Cet endroit est un cauchemar, je veux m’en aller ! Tu n’aurais pas dû venir à ma recherche, mais c’est à cause de ce stupide chien qui m’a suivi ! »


J’essaie de ne pas m’alarmer avec ses paroles.


-« Tu ne penses pas ce que tu dis ! Allez, viens avec moi, on rentre. Il fait froid dehors… Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour ton enfant ! »


Elle me regarde, amère.


-« Allons, ne me fais pas rire ! Ni toi ni moi ne voulons de ce bébé ! Ce sera une bonne chose pour lui de ne pas connaître ce monde ! Je ne pense pas qu’il trouvera ça amusant, de vivre comme le bâtard qu’il est ! Non Achilloüs, je ne vivrai pas pour lui ! »


J’ai peur. Pourquoi continue-t-elle de parler de mourir ? Il y a déjà eu trop de mort dans ma vie pour qu’elle me quitte aussi ! Comment lui faire comprendre que moi j’ai besoin d’elle ? Comment lui faire comprendre que malgré ma taille, malgré ma carrure, j’ai besoin de cette frêle jeune fille ?


-« Neaira, sois forte, s’il te plaît… Ma mission sur cette terre n’est pas terminée ! Mon devoir est de vivre encore, mais… Je ne pourrais pas me battre tout seul, sans toi ! Si tu ne vis pas pour toi, ni pour lui, fais-le pour moi, au nom de notre amitié éternelle. »


Je suis à présent à genoux en face d’elle. J’ignore qui d’elle ou de moi pleure le plus à ce moment là. Oui, cela peut paraître étrange, mais au moment même où j’ai avoué mes faiblesses, les larmes de mes yeux se sont remises à couler, la source n’est plus tarie. Je le sais maintenant : je ne pourrais pas vivre sans toi, pas sans avoir fait tout mon possible pour que tu vives. Je la serre dans mes bras, mais le contact froid de l’acier de mon armure, que je n’ai toujours pas enlevée, la fait reculer. Cela la fait rire dans ses pleurs. Je ris avec elle. Elle pose son front contre le mien. Sur son visage, je vois ce que je n’osais plus espérer : je vois qu’elle est prête à se battre pour la vie, à se battre pour moi. J’essaie de trouver dans son regard un sentiment similaire au mien, mais bien que je ne voie rien, je sens en mon fort intérieur que nos deux cœurs vibrent à l’unisson. C’est ainsi que Stavros nous retrouve enfin. Il préfère ne pas poser de questions et je l’en remercie. Nous rentrons à la caravane. Horus gambade joyeusement à nos côtés. La nuit s’avance rapidement et nous allumons un feu discret. Je troque mon armure contre une tunique de rechange, certes un peu large, du marchand. Je me sens tout de même plus à l’aise. Le soir, le colosse nous invite à dîner autour du feu et on mange tous les trois.


-« Mon garçon, j’irais moi-même chercher ta mère, c’est sur mon chemin. Toi tu resteras avec Neaira.

-Mais elle ne saura pas te reconnaître ! Il faut que je vienne avec toi ! Pourquoi te ferait-elle confiance, elle ne t’aura jamais vu !

-Je ne sais pas de quoi vous parlez, tous les deux, mais je ne veux être un fardeau pour personne…

-En plus, malgré tout ce que tu peux dire de cet Africain, tu peux toujours te tromper à son sujet et tu n’as aucune raison de courir de tels risques pour moi ! Tu en as déjà trop fait ! »


La situation commence à sérieusement s’envenimer et je peux voir mon Egyptien rouge de colère. C’est à ce moment la que Neaira tombe. Oubliant instantanément notre querelle, nous nous penchons sur elle.


-« Amène-là à l’intérieur ! »


J’obéis. Ce serait franchement avec plaisir si la situation n’était pas si grave. Je la prends dans mes bras et l’emmène le plus délicatement possible jusqu'à la caravane. J’ai l’impression de tenir un fragile bébé que la moindre secousse pourrait briser. J’ai envie de l’embrasser, de la réveiller à tout prix. Qu’il est dur de devoir choisir entre les deux femmes que l’on aime ! Mais finalement, je crois que je vais faire confiance à Stavros. Lorsque je suis dans la maison roulante du marchand, je la dépose sur le lit. Je dépose un baiser au coin de sa bouche. C’est le premier que je lui donne et cela me fait chaud au cœur tant j’y ai mis de tendresse. J’aurais aimé que cela la réveille mais elle semble dormir profondément.


-« Je ne suis pas médecin, mon garçon, mais je pense que dès demain elle ira mieux. Elle n’a pas l’air d’être en danger. Maintenant faisons comme elle. Horus veille sur nous. »


Je me couche au pied du lit pour que si elle appelle, je puisse l’aider tout de suite. Le chien se colle à moi.


Je retrouve mon rêve. Je suis à nouveau au-dessus du puits de flammes où sont suspendues ma mère et Neaira. De nouveau les deux hommes viennent, menaçants. Je décide de ne pas lâcher. Après tout, ne sont-ils pas morts ? J’ai pourtant peur de ce qui va arriver. Le prince dégaine, suivi de mon ancien maître. Au moment où le premier va me frapper, le second lui assène un coup de glaive dans la gorge. Je me détourne de ce spectacle horrible. Lorsque je regarde à nouveau, tous les deux ont disparus. J’essaie alors de tirer les deux seaux, mais je n’y arrive pas. Soudain je vois une grande silhouette au loin qui s’approche. J’ai intimement l’impression de savoir qui il est, mais je n’arrive pas à poser de nom sur cette ombre. Probablement est-ce Onopiris. J’ai pourtant l’impression que c’est aussi quelqu’un d’autre. Il continue à venir vers moi. Je le reconnais alors : c’est simplement Stavros. Il sourit. « J’irais moi-même chercher ta mère », qu’il me dit. Il prend alors la corde où elle est de mes mains et entreprend de la remonter. Nous nous attelons ensemble à ce sauvetage, mais une chose étrange se produit : au fur et à mesure que Neaira monte, elle semble rétrécir, son corps se modifie. Je me réveille en sueur. Je me lève, je ne parviendrais plus à dormir.

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