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Gaya sur sa lune
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26 septembre 2008

Le roi de Mycènes : XVIII

En jetant un coup d’œil sur le lit, je vois que ma belle est aussi éveillée. Je lui prends la main et m’assois à côté d’elle sur le lit. Le soleil n’est pas encore levé. Elle ferme les yeux, sa main froide dans la mienne et son souffle s’apaise.


Lorsque je me réveille, je suis couché au-delà de sa tête, sur le lit. Elle dort encore, sa main toujours enfouie dans la mienne. Assis sur un coffre, le regard rieur du marchand nous observe. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là. Il nous regarde d’un air mi-amusé, mi-attendri qui ne me plaît pas. J’ai comme une sorte de honte pudique.


-« Alors, mon garçon, qu’y a-t-il au programme aujourd’hui ? As-tu bien réfléchi au meilleur moyen d’aider ta mère et ton amie ? »


Je pense que finalement, je devrais peut-être faire confiance à mon rêve et à le laisser faire.


-« On verra… »


Je saute du lit. Je n’ai pas osé lui dire que je pensais qu’il avait raison et que j’étais résolu à le laisser œuvrer.


-« Ecoute mon garçon, je pense que le mieux est que tu retournes dans ta forêt avec Neaira. Les soldats n’iront pas te chercher là-bas : le lieu leur fait peur et ils ne la connaissent pas assez. Vous vous construirez un abri. »


J’acquiesce. Ce qu’il dit n’est pas bête, car tôt ou tard, si on reste ici, on se fera repérer.


-« Il faudra par contre que tu abandonnes cette armure, car s’ils la trouvent dans cette roulotte, ils comprendront vite qui nous sommes. »


Je refuse catégoriquement. Cette est le seul bien que je possède, car Arès ne compte pas et Neaira encore moins.


-« Non, Stavros, j’irais par la forêt au besoin. Avec Neaira aussi, car si des soldats la voient, ils pourraient la reconnaître, mais il n’est pas question de l’abandonner. Nous irons par les bois, à couvert.

-C’est impossible !

-Et pourquoi donc ?

-Parce que ta Neaira est trop faible pour voyager à cheval ou à pied pendant des heures ! Cela pourrait tuer son bébé et la tuer elle ! Pour une fois, écoute-moi : abandonne cette armure ridicule ! »


Je n’avais pas pensé qu’un tel voyage aurait pu être fatal à ma bien aimée. Comment faire désormais ?


-« Je suis prêt à l’emmener dans mes bras jusque chez moi, s’il le faut. Je vais plutôt fabriquer un brancard que j’attacherais au cheval, cela devrait marcher sans lui demander trop d’efforts. »


Mon marchand secoue la tête en soupirant. Je sais ores et déjà que j’ai gagné : il nous emmènera dans son carrosse.


On part l’après-midi même. Avec de la chance et parce que l’on est pas trop nombreux, on pourra peut-être être au village maudit – mon village – d’ici trois jours.


Cette demi-journée là est ensoleillée, parfaite pour effectuer un long voyage. Neaira va mieux mais il faut encore la forcer à manger. C’est ainsi que j’apprends que cela faisait deux jours qu’elle s’était privée de nourriture, dans la demeure du prince. Je ne veux plus que cela se reproduise, je ne veux plus qu’elle se fasse souffrir ainsi à nouveau ! Je suis avec elle maintenant et j'exige qu’elle soit heureuse. En fin de journée, Stavros nous laisse seul à l’arrière. Il comprend.


-« Où va-t-on, Achilloüs ? »


Je suis étonné. J’admets cependant qu’elle a le droit d’avoir des doutes sur ce qui va se passer, avec ce qu’elle a vécu !


-« Vers des jours plus heureux, j’en suis sûr, et nous serons ensemble pour les vivres, n’est-ce pas ? »


Elle a l’air embêté de ma réponse. Ce n’est pas parce qu’elle en est déçue, mais plutôt parce qu’elle n’attendait pas vraiment ça.


-« Je ne parlais pas de nous, simplement du lieu où l’on va. »


Je me souviens alors que je ne lui avais rien dit sur moi ! Finalement, autant continuer ainsi : je veux lui réserver la surprise. Je lui souris.


-« C’est un secret… Fais-moi confiance ! »


Je suis un idiot ! Lui demander de me faire confiance, alors que je l’ai abandonnée ! Elle ne devrait surtout pas me faire confiance, ce n’est pas vraiment dans son intérêt ! Qui dans son cas aurait pu me faire confiance ? Il n’y a qu’elle qui arrive encore à croire en moi !


-« Je ne te ferais plus de mal, je te le promets. Je veillerais sur toi.

-Mais enfin, de quoi parles-tu ? Tu ne m’as jamais fait de mal, tu es même la plus belle chose qui m’est arrivée ici ! Sans toi, je serais encore dans la demeure du prince !

-Sans moi, tu n’y aurais jamais été, tu veux dire !

-Bien sûr que si ! Mon père tenait, que tu viennes ou pas, à passer par cette route !

-Mais si j’étais venu avec vous, j’aurais pu te protéger de ces…

-Non, tu aurais été vendu ou tué et jamais on ne se serait revu ! Arc ou pas, ça n’aurait fait aucune différence quant aux résultats. Je crois que si l’on a dû se séparer, c’était pour mieux se retrouver ensuite. C’était la volonté des dieux, si tu veux. »


Elle a raison. Je suis innocent de ce qui lui est arrivé, mais pourtant je me sens coupable. Dis-moi encore que ce n’est pas de ma faute, Neaira ! Je la serre dans mes bras, son ventre plein contre le mien. Je voudrais ne plus bouger de tout le reste de ma vie, c’est si enivrant ! Mais le marchand arrive.


-« Il vaudrait mieux voyager de nuit, on aura moins de risque de rencontrer du monde.

-Certes, mais d’un autre côté, si des soldats nous trouvent à la nuit tombée, nous ne pourrons leur faire avaler aucune histoire, Stavros ! »


Plus on tardera, plus on aura de risque de trouver d’ennemis sur la route, mais plus on ira vite, plus on sera suspecté par ceux que l’on trouvera. La décision encore une fois peut se révéler fatale pour nous.


-« Nous voyagerons le plus tard possible dans la journée et à partir de demain.

-J’avoue que là, j’ai un peu de mal à te suivre !

-Si le but de tout homme recherché est de fuir au plus vite, ils s’attendront à ce que nous nous échappions cette nuit même ! Ils doivent même penser que nous sommes déjà loin. S’ils pensent que nous nous cachons dans les bois, comme c’est le cas, ils nous attendront sur les routes dès cette nuit et ne s’attendront pas à nous voir là encore demain, si proche de Mycènes et donc ils auront moins de soupçons envers nous. Après, s’ils nous posent quand même des questions, nous invoquerons la présence du village maudit et de ses fantômes de la nuit qui s’attaquent aux endormis ou quelque chose dans ce genre ! Les gens croient à tellement de superstitions !

-Peut-être. »


Il repart, songeur voire un peu triste. Jaloux aussi : il semble si seul ! Peut-être cela lui fait-il mal, de me voir avec Neaira.


-« On va le rejoindre ? »


Elle a apparemment eu le même sentiment que moi à son égard. J’acquiesce. Cependant lorsque l’on est tous les trois, on n’a rien à se dire. Autant le silence avec Neaira ne m’embête plus vraiment, autant celui là me met mal à l’aise.


-« Stavros, raconte-nous des histoires de ton pays, des histoires de tes dieux et de tes héros de l’Egypte ! »


Je crois que ça lui fait plaisir de nous les narrer, de m’apprendre encore des choses. J’ai pourtant assez de mal à le suivre, je me mélange et me perds dans tous ces personnages. C’est compliqué, il y a même des dieux qui ont plusieurs noms ! Le seul que je retiens est celui d’Horus, mais je le vois plus comme un chien que comme un dieu ! Avec Neaira, on finit par s’endormir sous la voix grave du marchand, plongé comme il est dans quelque souvenir de conteur de sa jeunesse.


C’est moi qui me réveille le premier le lendemain. Le feu est éteint et nous avons tous dormis dehors. Horus vient vers moi de son pas engourdi. L’aube arrive. Je me souviens de la manière dont les Egyptiens saluent le soleil. J’en fais de même ce matin, m’attendant presque à voir de la magie se manifester ou seulement ressentir l’astre du jour dans mon propre corps me rendre mon salut, mais je ne sens rien, il ne se passe rien du tout. Comme je n’ai rien d’autre à faire, je vais traire les chèvres. Bonne nouvelle pour moi : j’ai toujours le coup de main !


Neaira commence à bouger, mais Stavros dort comme une souche. La jeune fille se lève enfin et me fait mon sourire du matin en s’étirant.


-« Bien dormi ?

-Mmmh ! Et toi, déjà au travail ! Décidément, les chasseurs ne perdent pas leur temps ! »


Je ne lui dis pas qu’un chasseur sans arc, ce n’est plus vraiment un chasseur !


-« Tu me montres comment on fait ? Je n’ai jamais essayé ! »


Je la laisse venir à mes côtés, prends ses mains et les lui place sur les premiers pis. Son doigté délicat lui permet faire bien les choses. Elle se débrouille très vite tout à fait bien toute seule. Je pourrais la laisser faire et aller à une autre bête, mais quelque chose me retient. Je veux rester à côté d’elle. Je ne sais pas ce que j’attends, mais je l’attends de pied ferme. Ma présence commence cependant à la déranger et à la gêner. Elle se retourne. Nos visages sont si proches… Elle semble désirer quelque chose.


Quelque instinct me prend soudain et je l’embrasse. J’aimerais rester ainsi jusqu’à la fin de mes jours. Je suis comme dans quelque état second, fiévreux, sûrement très proche de ce que l’on doit ressentir dans les Champs Elysées. Je ne sais plus très bien à quoi je pense à ce moment même. Bientôt, nos lèvres se séparent, mais je me trouve encore dans cette attitude si étrange à mi-chemin entre la réalité et le rêve. Je la regarde et elle me regarde, nos yeux plongés dans ceux de l’autre. Je veux recommencer, retrouver cette sensation si étrange de… désir ! Neaira m’en empêche.


-« Stavros va se réveiller et il reste des chèvres… »


J’acquiesce. Je vais à une autre bête, fuyant le visage cramoisi de Neaira. Je ne doute pas que le mien soit aussi rouge. Cependant elle a raison, ça va trop vite entre nous deux. Et puis le marchand se serait réveillé et il aurait été triste.


Avant toute chose, il faut que l’on se mette en sécurité et il faut pour cela faire ce voyage. Il est certes court, mais dangereux pour nous. Après on avisera.


Que racontes-tu donc comme sottises ! Cesse donc de penser, ça ne te réussi pas ! Il faut arrêter de trouver et d’inventer des raisons à tout et à rien ! La vie, l’amour, la haine… tout ça n’a pas besoin de raisons, ce serait trop simple ! Allez, Achilloüs, trait ta chèvre et arrête de te raconter n’importe quoi ! Arrête de ne penser qu’à toi !


On a bientôt fini le travail. Le marchand se réveille à ce moment là et sourit en nous voyant tous deux affairés. Notre travail nous permet de partir plus tôt.



On ne fait qu’une seule pause pendant la journée pour les animaux qui commencent à fatiguer. C’est maintenant le soir et on s’arrête un peu plus longtemps. Mon maître a mis mon armure dans un de ses coffres, mais je n’avais pas pensé à ce que je ferais du cheval. Sa présence aux côtés de marchands est assez étrange et attirera les regards sur nous. Il nous faut donc se débarrasser de cette brave bête. Stavros reste avec la caravane tandis que Neaira et moi descendons dans la forêt avec Arès.


-« Crois-tu qu’il survivra, seul, dans la nature ? »


Je regarde Neaira et lui souris pour la rassurer :


-« C’est un cheval de guerre, il saura très bien se débrouiller ! Le problème, c’est surtout son affection pour les hommes : il risque de retourner à Mycènes et ils sauront alors que nous ne nous sommes pas enfuis avec lui mais avec autre chose ! »


En vérité, le plus simple serait de supprimer l’animal, mais comment tuer une si bonne bête qui, après tout, nous a sorti de la ville ? Je le déharnache entièrement et fouette sa croupe avec une branche souple. Celui-ci, se sentant enfin libre, se cabre et s’enfuit au loin.


On rentre en silence, pleins de pensées amicales pour le brave Arès que nous ne reverrons sûrement plus. Je m’arrête soudain : il y a des bruits de voix en provenance de la caravane. Nous écoutons ce qui ce dit après s’être caché dans un fourré.


-« Alors t’es sûr que tu les as pas vus ? Lui il est habillé comme un de nos cavaliers et il a une fille avec lui !

-Je te répète que non, je n’ai vu personne, mon vieux ! Mais qu’a-t-il donc fait ? Serait ce Pâris qui aurait enlevé Hélène de Mycènes ? »


Je sens même de là où je suis mon marchand fier de son jeu de mot.


-« Faut pas rire avec ces choses là, l’Egyptien ! Ce salaud à tué deux de nos citoyens les plus renommés : le cousin du roi lui-même, le seigneur prince Iorlas et le capitaine des gardes Dallès Nellendée ! Certains croient à la malédiction du village maudit, car ils y ont tous les deux activement participé, mais il paraîtrait que c’est le coup du serviteur de Nellendée. On a son nom : Xilantès ! Quant à cette fille, c’était une esclave de la maison princière et elle a aidé l’autre gueux à s’échapper !

-Je suis désolé, je n’ai pas vu ton meurtrier. En tout cas, tant que cette histoire n’est pas résolue, je préfère partir au plus vite de la cité ! Je ne crois pas aux histoires de fantômes mais je serais quand même plus rassuré loin d’ici.

-Je comprends : les marchands ne seront jamais des soldats ! Moi je dois galoper au plus vite pour rattraper ces pourris ! »


Je vois un cavalier vêtu de rouge partir à grand galop sur la route que l’on va devoir emprunter. On rentre une fois qu’il a disparu.


-« Tu le connaissais ?

-Oui. Un homme sympathique avec qui je vais parfois trinquer. Un cavalier de modeste condition par rapport aux autres. On devrait y aller maintenant, les bêtes sont reposées. Je tiendrais les rênes la première partie de la nuit et tu me remplaceras après. Mangez et dormez ; je veillerais sur vous mes enfants. »


Neaira est fatiguée. Elle mange rapidement les provisions que le marchand lui a données et dort. J’en fait de même. Cette nuit-là, la lune est cachée : Artémis ne m’enverra aucun mauvais rêve, car mes cauchemars n’ont eu lieu que lorsqu’elle était présente. C’est une protectrice qui semble aimer envoyer des ennuis à ses enfants. Je me demande à quoi la déesse peut-elle bien ressembler en réalité.


En même temps je m’en moque, j’ai Neaira et c’est amplement suffisant. Bientôt nous serons enfin une vraie famille : ma mère, ma bien aimée, le bébé et moi. Même Stavros, s’il veut nous rejoindre. Nous formerons le clan des abandonnés, des oubliés, des solitaires solidaires ! Je ne peux m’empêcher de repenser à mes rêves d’enfants, où je finissais toujours roi. Oui, c’est cela, je serais roi ! Un roi n’a pas besoin de terres, un roi n’a pas besoin d’argent, ni de couronne, ni de sujets ; un roi n’a besoin que de ses idéaux et il n’a qu’un devoir sacré, celui de protéger les siens. Ses armes sont l’amour, le courage et la détermination. Etre roi n’est pas une question de sang ; c’est une question de mentalité ! Etre roi ne s’acquière pas par le sang mais par des actes de bontés, de compréhension et de pardon. Le roi n’est qu’un berger d’homme, et un mouton suffit pour faire le berger. Mon père était le pâtre d’un grand troupeau et il est mort avec lui, il a donné sa vie pour le défendre. Oui, mon père était roi, il ne le savait pas mais pourtant tout le monde le suivait et lui obéissait. Mon cœur se gonfle de fierté : mon père était le meilleur des rois.


Je sens le sommeil s’insinuer en moi et engourdir tous mes membres. Mes paupières tombent d’elles-mêmes et je me laisse sombrer… lentement… bercé par la caravane en marche…


-« Mon garçon, réveille-toi !

-Hein ? Quoi ? Que se passe-t-il ? Des soldats ? Où ça ?…

-C’est à ton tour de prendre les rênes, désolé de devoir te tirer du lit ! »


Je me lève. Ce réveil en sursaut m’a fait peur. Je m’installe au devant du convoi, emmitouflé dans une couverture de laine. Le marchand me tend une torche pour mieux voir la route puis va se coucher, me laissant dans la nuit. Ce n’est pas que j’aie peur du noir, mais sans ma lune protectrice, je me sens encore plus seul au monde. Je me retourne. Mes compagnons roupillent comme des bienheureux ! J’ai presque l’impression qu’ils sont morts. Même Horus m’a abandonné pour les pieds de Neaira ! Par contre les chèvres, derrière, ont l’air fatiguées de tant marcher. Je somnole légèrement. Je me dis que si je le voulais, je pourrais faire n’importe quoi ! C’est un peu comme si j’étais un bandit ou quelque rapace de nuit !


J’ai envie de me dégourdir un peu les jambes. Je cours un peu et reviens. Maintenant il faut repartir ! Je réveille les bœufs et les fouette. Ils démarrent. Je lève les chèvres aussi, qui suivent, la tête basse, les yeux encore noyés dans leurs rêves, si tant est que ces braves bêtes fassent des rêves. Je remonte dans le chariot. Je prends les rênes et c’est reparti. En avant vers ma forêt ! C’est moi, je rentre au bercail ! Le plus triste, finalement, c’est que ma maison sera vide. Il faut se dire qu’il existe des gens dans des positions encore plus critiques que moi ailleurs, mais ce n’est pas ça qui soulage.


Si les dieux ne daignent pas m’envoyer de messages ou de signes, qu’ils fassent au moins que je sois moins seul ! C’est une expérience atroce ! Même lorsque j’étais petit, cela ne m’était jamais vraiment arrivé ! Je me souviens que dès que je me réveillais, l’un des deux au moins était déjà debout, et lorsque je me couchais, je pouvais encore les entendre parler avec un invité ou même simplement entre eux. C’est si rassurant et si paisible une vie d’enfant ! J’espère ne jamais être obligé de faire des orphelins ! Une vie d’homme avant l’heure, je ne souhaite ça à personne, c’est dur et très souvent décevant ! En plus, tout le monde n’a pas la chance d’avoir une Neaira à aimer…

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