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Gaya sur sa lune
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16 décembre 2008

L'âme du diable : 8 décembre

8 Décembre



Je suis à nouveau avec elle dans la salle remplie du concert. On s’assoit un peu à l’écart de la grande piste bruyante et grouillante de monde, vers un stand de boissons installé là. D’un commun accord, on sort de la pièce, la musique est trop forte et l’on ne s’entend pas sans crier. C’était mon idée, et évidemment, elle est mauvaise ! Alors on se met comme d’habitude sur un banc. On écoute le silence qui nous fait du bien quelques minutes puis elle reprend l’histoire.

Aline sortit Lestat de son véhicule et ne trouvant d’autre cachette pour lui, le mit dans une grande poubelle. Elle était vide, personne ne passait plus par ici.

-« Attends-moi là, bel au bois dormant, je reviens tout de suite pour m’occuper de toi ! »

Elle repartit à la recherche de sa voiture qu’elle savait garée non loin. En fait le plus dur ne serait probablement pas de la trouver, mais de pouvoir l’utiliser sans avoir personne sur son chemin, car elle était persuadée que si Eric avait un tant soit peu d’esprit, il l’attendrait devant son véhicule. Et elle ne se trompait pas. Elle le vit de loin. Il était assis à quelques mètres de l’auto, sur un petit poteau rond en pierre de ceux qui bordent le trottoir. Elle se dit que c’était jouable sans qu’il ne l’aperçoive. Elle se baissa afin de marcher derrière les voitures. Les passants devaient trouver son attitude curieuse, mais ils passaient leur chemin, pressé par quelque urgence. Eric ne regardait pas de son coté. Il attendait, discutant avec un agent de police. Elle arriva bientôt à sa voiture. Elle prit une grande inspiration, tourna la clef dans la serrure et ouvrit la portière. Elle s’assit au volant, referma doucement et verrouilla toutes les portes. Elle desserra le frein à main et démarra rapidement. L’autre n’eut pas le temps de la rejoindre, et c'eût été inutile puisqu’elle s’était enfermée.

Elle partit en trombe jusqu’à la rue où s’était déroulé l’accident tout à fait prémédité. Elle ressortit de sa cachette le corps toujours inanimé de Lestat et le coucha sur les sièges arrière, puis se réinstalla devant le volant. Elle rentra chez elle. Il lui vint soudain à l’esprit que sa maison pouvait être surveillée. Elle cacha le véhicule à quelque distance de sa demeure et alla voir à pied, après avoir prit soin d’attacher sa victime avec les menottes offertes par son métier, dont les plusieurs paires qu’elle avait obtenues se cachaient dans les boites à gant de ses deux voitures et dans un petit compartiment de sa moto.

Lorsqu’elle arriva, la première chose qu’elle vit fut une petite voiture de police garée devant le perron. Lélia était là aussi et l’attendait. Eric avait réussi à la rejoindre et avait l’air bouleversé. De là où elle était, elle ne pouvait pas les entendre. Elle se dit qu’elle aurait donné tout ce qu’elle avait pour pouvoir les rejoindre et faire comme si de rien était, mais c’était impossible. Son esprit lui rétorqua qu’elle n’avait pas besoin d’eux, qu’elle avait toujours été seule et qu’elle avait toujours vaincu ses adversaires. Elle devait les tuer, tous les deux. Pas maintenant se dit-elle, ils sont trop près de chez moi. L’excuse était mauvaise, mais elle n’y fit même pas attention.

Elle repartit à sa voiture. Lestat s’était réveillé et il essayait de se détacher. Il était tant absorbé dans sa tache qu’il ne vit pas Aline revenir. Amusée, elle s’assit non loin de là et observa le spectacle du petit homme rougis par les efforts qui s’avéraient vain. Elle avait passé les menottes autour d’une petite barre en fer qui sortait du dessous du siège arrière et qui servait à reculer ou avancer la banquette. Ne pouvant crocheter les petites serrures, il essayait de déguerpir avec le siège. Il s’aperçut alors que celui ci ne pouvait pas passer la portière. Il essaya alors de sortir au moins une de ses mains des bracelets de fer. C’est qu’il avait des petites mains ! Il tira et força tant et si bien qu’il finit par dégager la droite, non sans un petit cri de douleur. Un terrible rictus se dessina sur sa figure, mais la souffrance des autres n’amusait plus Aline. Elle se dit que si elle s’était montrée avant, il n’aurait pas tant souffert pour rien. Sitôt détaché, Lestat tenta de fuir mais Aline sortit de sa cachette.

-« Stop ! ! ! »

Devant le revolver braqué sur lui, Lestat sembla bien abattu. Il regarda tristement sa main meurtrie. Elle était toute rouge et la peau du pouce était partie ainsi que celle qui couvrait auparavant les articulations à la base de ses doigts. Pour la première fois, Aline eut pitié de quelqu’un, mais elle ne devait pas le montrer. S’il avait tenté de fuir à ce moment là, sûrement ce sentiment nouveau pour elle se serait estompé et elle lui aurait tiré froidement dans le dos, mais Lestat ne bougea pas, il savait qu’il n’avait aucune chance. Elle le rejoignit puis lui remit les menottes le plus délicatement possible.

-« Si tu cries, je t’assomme !

-Parce que sinon ce n’est pas le cas ?

-Non. »

En fait, Lestat n’aurait pas crié. N’était-elle pas flic ? Personne ne l’aurait aidé. Pour les potentielles personnes qui viendraient peut-être, elle aurait raison et il ne serait qu’un malfrat arrêté pour être mené en justice. Mais là, quel juge le condamnerait ? Elle finirait bien par le tuer. Le mieux était d’attendre la faille qui lui permettrait de filer derrière son dos. Aline aurait agit pareil... Enfin non, Aline ne se serait pas laissée faite prendre!

Aline le ramena à la voiture. Elle sortit une bouteille d’eau qu’elle gardait toujours pour boire. Elle avait l’air encore bonne. Elle en mouilla un mouchoir et tamponna la main du jeune homme, puis avec deux autres elle lui fit un pansement qui pouvait cacher tous les morceaux mutilés dont elle ne pouvait plus supporter la vue. Lestat fut étonné mais il ne dit rien. Aline fut encore plus étonné que lui de sa propre conduite, mais enfin, c’est vrai que cette main était vraiment horrible. Elle l’installa sur le siège passager et s’assit elle-même à la place du conducteur. Puis ils attendirent.

Au bout d’un moment, Lestat ne put plus tenir.

-« On fait quoi là, au juste ?

-On attend que ma maison ne soit plus un poulailler. »

Ils continuèrent leur inactivité complète.

-« Pourquoi t’as fait ça ? C’était stupide !

-C’était ma proie et tu l’avais oublié, semble-t-il. La prochaine fois, j’espère seulement que ça ne t’échappera pas !

-Parce qu’après, tu l’aurais tué ?

-Oui… Evidement !

-Pourquoi tu l’as quitté alors ?

-Pour te casser la gueule !

-Alors finalement, j’étais au bon endroit. Mais moi je crois que tu mens. Et j’aime pas qu’on me mente…

-Eh ! Et les menottes, tu aimes ? Je te rappelle que tu n’es pas vraiment en position idéale pour me critiquer et pour me lancer de telles diffamations ! Alors si tu tiens à ta peau, tu ferais mieux de la boucler. T’es pas un poulet, mais tu peux quand même fermer le bec. »

Lestat se tut, convaincu par ses arguments, mais n’en pensa pas moins. Enfin, quand même :

-« Tu as fini par l’aimer, c’est ça ?

-NON ! C’est une injure que tu me fais. Tu me payeras cette insulte ! Ferme-la, ça vaut mieux, plutôt que ta tête explose à force de dire des conneries ! »

Elle le menaça du poing.

Juste avant qu’il ne pose la question, elle-même s’était demandé si elle aimait Eric Etienne, et entendre dans la bouche d’un autre une pensée qui lui semblait tant honteuse pour elle l’avait mise en colère et l’avait énormément troublée. Comment savoir si elle l’aimait ? Elle n’avait jamais ressenti de l’amour pour personne alors commet comparer ? Personne ne lui avait jamais dit comment on pouvait détecter ce sentiment. Elle ne pouvait l’aimer, c’était impossible. Mais elle ne pouvait détacher sa tête de son esprit. C’était assez étrange. Elle ne se souvenait pourtant pas de lui au point de pouvoir le dessiner, voir même le décrire très précisément. Lorsqu’elle cherchait à se le rappeler dans les détails, elle ne le voyait plus du tout, mais lorsqu’elle voulait penser à autre chose, alors il était là, avec ses cheveux châtains roux de porc-épic et ses yeux verts, sa petite fossette sur sa joue droite qui lui donnait un air si coquin lorsqu’il souriait, ses caresses et sa chaleur. Son cœur qui bat lorsqu’elle se pressait contre lui. Peut-être en effet l’aimait elle un peu, un petit peu, sans que cela ne la rende plus faible qu’avant, n’est ce pas ? N’est ce pas ?

Pourquoi lorsqu’elle se pose désormais la question, son esprit répond-il invariablement ‘’si’’ ! Il fallait se rendre à l’évidence, l’Aline Holkes sans soucis n’existait plus.

Il ne se reparlèrent plus de la journée, oubliant momentanément le déjeuné. Lui devait s’ennuyer, mais l’épée de Damoclès étant au-dessus de sa tête, il préféra ne pas lui donner l’occasion de s’abattre. Une voiture passa sur la route, et s’ils la virent, elle ne pouvait les repérer. Aline put remarquer qu’il y avait deux personnes à l’intérieur. Lélia et Eric, très probablement.

Déclarant sa maison inoccupée pour le moment, Aline y emmena Lestat de force, à pied. Si jamais ils revenaient, ils ne pourraient ainsi se douter de sa présence. Elle l’emmena dans une salle qu’elle n’avait jamais fait visiter à Eric et dont celui ci ne soupçonnait même pas l’existence, située au sous-sol.

C’était une pièce très isolée, meublée d’une table, d’une chaise, d’une petite étagère murale. Un des murs était criblé de balle : c’était la salle d’entraînement. Dans un coin se trouvait un petit lit : ça avait aussi été la chambre d’Aline lorsqu’elle était plus jeune et que son père lui enseignait encore le fonctionnement des armes. Accessoirement, c’était aussi là que séjournaient les potentiels otages.

Aline prépara rapidement à dîner pour son hôte et elle. Si elle l’avait emmené jusque là sans le tuer, c’est qu’elle avait une raison, évidemment. Oui se dit elle, il est là pour que je sache où loge son patron.

-« A nous deux mon cher Lestat. On va jouer à un jeu. Je pose des questions et toi tu réponds sans mentir. Si tu respectes la règle, tu gagnes le droit d’être libre sans dommages, sinon, je me réserve le droit de t’infliger la peine des tricheurs. Première question : Y a t’il d’autres contrats existants sur la tête d’Eric Etienne ?

-Pas à ma connaissance.

-Je vais estimer que tu dis la vérité. Cioran est-il notre patron ? »

Lestat ne répondit pas.

-« J’en déduis que oui. Allez, question de repêchage : où habite-t-il ?

-Je ne sais pas…

-Mauvaise réponse. Seconde chance :

-Ce sera écrit sur le carton d’invitation… »

Elle le gifla.

-« Perdu ! Attend là, je reviens avec une surprise. »

Aline comptait rapporter tous les objets qui pourraient servir d’instruments de torture. Elle plongea, en sortant, la main dans sa poche et en sortit un papier qu’elle avait dû oublier là. Un grand sourire se dessina sur son visage. C’était le papier où elle avait inscrit la veille au soir les numéros de téléphone et les adresses de Cioran. Elle ferma la porte de la cave où se trouvait son prisonnier. Elle devait préparer ses affaires pour se rendre chez son patron.

Trois pistolets munis de silencieux (sait-on jamais), pour les gardes du corps, les employés et les chiens potentiels, son boîtier pour déconnecter les systèmes d’alarme, celui pour trouver la combinaison des codes et un petit magnétophone à cassettes. Mais que pouvait-elle faire pour les caméras de surveillances ? Elle eut soudain une idée. Elle retourna voir Lestat et le déshabilla.

-« Je te les emprunte seulement. Ne prend pas trop froid en mon absence surtout ! »

Elle s’en habilla. Elle raccourcit sa perruque bouclée châtain clair de manière à ce qu’elle ressemble en tout point à la chevelure de Lestat. De près, elle ne convaincrait personne, mais de loin ça ira. Il faudra seulement qu’elle baisse la tête à la vue des caméras.

Elle prit son téléphone et composa le premier numéro de sa feuille.

-« Allô ?

-Bonsoir monsieur, pourrais-je parler à M. Cioran s’il vous plaît ?

-Il n’est pas là !

-Quand pourrais-je le joindre ?

-Je ne sais pas, son retour n’est pas encore prévu mais je peux laisser un message.

-Monsieur Cioran vient d’avoir la chance de gagner un téléphone portable. Il a été sélectionné parmi la France entière…

-Cela ne l’intéresse pas du tout. Il n’a ni besoin de téléphone, ni de cuisine, ni d’aspirateur !

Il raccrocha brutalement.

Aline recommença ce manège avec les numéros suivants. Sur les cinq numéros, le dernier fut le bon et elle put parler directement à son patron. Contrefaisant sa voix, elle donna là encore oralement un téléphone et il lui raccrocha au nez, mais elle s’en moquait : désormais elle savait dans laquelle de ses maisons il logeait actuellement.

Sa nuit fut plutôt agitée cette fois là et le téléphone sonna même une fois, c’était Eric, mais elle ne répondit pas. Le lendemain, elle partit rejoindre Cioran. Sa moto étant ce qu’elle avait de plus rapide, elle partit avec, un sac avec ses joujoux sur le dos.

Elle arriva bientôt devant l’immense villa. Elle se gara un peu à l’écart puis revint en se tenant à l’abri contre le haut mur. Elle sortit ses revolvers de son sac, en glissa deux à sa ceinture et garda le troisième à la main. Elle trouva un pan de mur abrité de l’autre coté par un arbre. Elle escalada le mur, qui ne faisait que deux mètres cinquante en s’aidant des pierres qui en sortaient pour faire des appuis. En fait, l’arbre était un peu plus loin qu’elle ne l’avait imaginé tout d’abord et elle dut user de la même manière pour descendre que pour monter. Elle avait compté sur lui pour pouvoir lui assurer ses arrières, au cas où elle dû fuir le plus vite possible. Il aurait été plus simple de grimper à l’arbre que grimper au mur. Enfin bon, il n’y avait pas de raisons qu’elle échoue !

Elle n’eut pas le temps de faire un pas qu’elle entendit un grognement sourd à coté d’elle. Deux chiens aux airs mauvais se tenaient là. Aline ne s’y connaissait pas en chiens, et tout ce qu’elle eut put dire d’eux c’est qu’ils étaient noirs sur le dos jusque sur le museau et qu’ils avaient des pattes châtains foncées. Elle ne s’attarda pas d’ailleurs à les observer plus que ça, car avant même qu’ils n’eussent songés à aboyer ou à l’attaquer, sans même qu’ils eussent le temps de japper, les balles d’Aline avaient traversé le canon du silencieux et tous deux mordaient la poussière. Un assaut de pitié s’empara de son esprit, mais c’était trop tard. Après tout, ces chiens ne lui avaient rien fait, mis à part leur devoir. N’étaient-ils pas comme elle, dressés pour tuer ? Oui, elle ne valait pas mieux qu’eux.

Elle continua son chemin. Elle était venue pour faire quelque chose, ce n’était pas le moment de flancher.

-« La suite pour demain, j’ai rendez-vous. Je vous retrouverais au parc. »

- « Elle regrette d’avoir tué deux chiens, dites-vous qui l’auraient tué sinon, mais pas tous ces morts qu’elle a sur sa conscience ! » (ou qu’elle n’a pas d’ailleurs)



Qui n'aimerait pas intervenir dans le cours des choses,… je ne sais pas ce que j’aurais bien pu faire pour ma part, mais j’aurais bien trouvé le moyen de venger tous ces morts ! Sa soi disant rédemption est bien trop facile! Moi même j'ai vu des familles de victimes de sa carrière, et vengeance reste souvent le maître mot en la matière. Je n'ai jamais été pour la vengeance a proprement dite, et eux parfois non plus, mais je suis pour la sécurité de la nation et de ses citoyens, or Aline dehors, c'est une atteinte à cette sécurité!



J'aimerais remonter le cours du temps pour donner une paire de claques à ce Eric qui ne comprends rien à rien et ne voit même pas la vérité quand il l'a sous les yeux.



Je n’aurais surtout rien fait du tout, mais enfin, j’ai toujours rêvé d’être un héros. C’est bon, je sais, ne suis-je pas un peut trop grand pour de telles fantaisies ? Moi je dis non. L’enfance, c’est le meilleur moment de la vie. Je n’avais peut être pas de mère, mais avec tante Lalie, on s’amusait bien. Dommage que je l’aie perdue de vue si tôt. Elle est partie sans mot dire, m’envoyant de temps en temps des cartes postales.



Je regarde cette femme sans âge s’éloigner du banc. Elle semble jeune et pourtant je sens qu’elle ne l’est plus tout à fait. On dirait en fait une jeune femme qui aurait vieilli, non, ce n’est pas le mot, il n’y a pas de mot, prématurément. Elle semble triste et pourtant je peux voir une flamme de joie en elle.

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Commentaires
G
Il ne me semblait pas avoir fait de fautes à la relecture pourtant...<br /> Mais c'est vrai que j'ai du mal à voir mes fautes... je devrais peut être investir dans une béta lectrice... ;)<br /> <br /> PS, je sais, je répond tardivement, mais j'étais pas mal hors de chez moi... :/
B
Je viens de lire ce passage. <br /> Tout d'abord, l'histoire est prenante, intéressante, j'ai vraiment envie de connaître la suite, j'aime beaucoup ce thème de la femme menaçante, tueuse. <br /> Mais il y a pas mal de fautes d'orthographes, de temps (tu mélanges présent, imparfait, passé simple), et de construction de la phrase, ce qui gêne un peu la lecture. <br /> C'est plus facile de voir les erreurs quand on est lecteur qu'auteur! Prends du recul avant de relire ton écrit, ça permet de revenir le travailler avec davantage d'objectivité et un oeil plus critique. (Genre moi pour "Le Papillon" que tu as lu cette nuit, la nouvelle n'a plus grand chose à voir, hormis la trame, avec ce qu'elle était en 1998)<br /> J'ai hâte de lire la suite de cette histoire! Bonne continuation!
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