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Gaya sur sa lune
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28 janvier 2009

L'âme du diable : 9 décembre - I

9 Décembre

Partie I

Comme d’habitude, elle m’attend. Lorsque je passerai par-là, quand cette histoire sera finie, cela me fera bizarre de ne plus la voir, mais enfin, toute les bonnes choses ont une fin. Pendant la nuit, j’ai beaucoup réfléchi à tout ce qu’elle m’a dit, et je me suis presque senti proche d’Aline Holkes, comme si quelque chose en moi comprenait ses actes. Je ne lui donne pas raison, loin de la, et le crime ne me tente toujours pas, mais c’est un peut comme si j’avais pitié d’elle. Même moi je n’arrive pas à comprendre la nature de ce lien qui s’est formé entre nous. Une sorte de compréhension résignée. Peut être le même genre de compréhension que lui porte Mme A...

Mais malgré tout j'ai quand même du mal à croire tout ce qui est dit, tout ne pourrait être qu'affabulation de cette grande manipulatrice qu'est cette Holkes, ou bien même simplement déformation de cette Mme A qui veut voir un peu de bonté et d'humanité en elle...

Aline passa par maints couloirs, contourna maintes caméras, pour finalement se retrouver derrière une porte.

- « … Trouvez le, emmenez tout le monde si vous le jugez nécessaire, mais revenez avec des réponses. Serais-je entouré d’incapables ? Mais je vous paye pour quoi ! Non mais sans blagues ! Allez, vous êtes toujours là ! Vous devriez être en voiture, déjà !

-Bien patron, tout de suite, patron. »

Aline eut tout juste le temps de se cacher derrière la porte qui s’ouvrit rapidement et se ferma tout aussi vite, laissant passer deux hommes de fortes carrures.

Après qu’ils eurent disparus, Aline frappa à la porte.

-« Quoi encore ! »

Aline enclencha son magnétophone puis entra, laissant au grand patron voir son dos. Elle referma doucement, mimant l’homme traqué, sans montrer son visage.

-« Arnaud ! ? »

Aline dégaina en se retournant.

-« Pas tout à fait monsieur Cioran ! »

Elle lui sourit. Il ne devait surtout pas lire ses sentiments et ses intentions sur elle, il ne devait voir que sa propre fâcheuse posture. Elle retira sa perruque, qui commençait à lui tenir chaud.

-« Aline Holkes, quel bon vent vous amène ?

-Un souffle, le dernier souffle de Lestat, qui risque de ne pas tarder. J’avais hâte de vous voir, mais vous m’avez jamais invité à boire un verre, alors je suis venue vous faire mes adieux et vous annoncer que vous allez bientôt partir pour un voyage à durée indéterminée.

-Faut-il mander mon jet privé ?

-Inutile, vous n’allez pas assez loin !

-Allons, Aline, pourquoi ne pas discuter sagement autour d’un bon verre. Parlons comme des honnêtes gens…

-C’est étrange, vous ne voulez me parler directement que lorsque vous vous trouvez du mauvais côté du revolver. Mais vous savez que je suis flic, et un flic est incorruptible, n’est ce pas ? En plus, ni vous ni moi sommes vraiment ce que l’on peut appeler des honnêtes gens. Je venais justement vous dire que cette comédie a assez duré et que le temps est au baissé de rideaux et au levé du voile.

-Il nous manque le dernier acte, celui où les acteurs apprennent ou comprennent enfin la vérité. Il est vrai qu’après le coup de fil énigmatique d’Arnaud, j’ai un peu perdu le fil de la situation. »

Aline ne put cacher son étonnement. Elle sourit : en effet, il manque le dernier acte !

-« C’était un vrai carnage. Que savez-vous exactement ?

-Qu’il y a eu un problème et qu’Etienne devait disparaître. Il n’a pas voulu m’en dire plus au téléphone. Il m’a affirmé que dès le soir tout aurait été éclairci. J’attends donc votre éclaircissement.

-Cet imbécile a prévenu l’autre chasseur ! Il m’a surpris avant que j’aie pu passer à l’action dans un coin tranquille où je puisse m’amuser un peu. Réflexes en tort, j’ai tiré et mon concurrent ne s’en est pas remis. Après c’était loupé pour attirer mon homme dans un endroit tranquille. Il y avait tellement foule, que je n’ai pas vu Lestat. Il a buté ma victime et disons que je me suis un peu énervée. Je lui ai fait tout avouer l’affaire, ton nom – tu permets que je te tutoie – et ton adresse, le coup, tout ça sur un enregistrement et par écrit. J’ai évidemment fait des doubles, au cas où ! Maintenant je viens te revendre ton serviteur, qui causera ta perte sinon, plus les preuves contre toi. J’irais là où on ne me retrouvera plus jamais et où la police, qui doit me rechercher activement, n’aura pas l’idée d’y jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil. Tu peux donc décommander les tueurs que tu aurais pu appeler en renfort et me donner l’argent.

-Finalement, ton père m’aurait coûté moins cher !

-Tes hommes n’avaient qu'à me laisser faire. T’as combien sous ton édredon ?

-Rien, je n’avais pas prévu de tueurs supplémentaires. Mais pour toi j’irais voir la banque dès demain. »

Aline poussa un soupir de soulagement et se détendit en s’appuyant contre le mur.

-« Je ne savais pas que tu étais tant que ça à la rue…

-Acte III scène 8 : Cioran, je vais t’envoyer en prison, dit la fourbe criminelle à son ancien patron, car Etienne n’est pas mort et il sait tout de tes actions ! Fin de la pièce et baissé de rideau. Salutation de l’acteur principal en toute modestie !

-Garce !

-Merci ! »

Elle fit une révérence le plus bas et le plus comiquement qu’elle pu faire.

« -Je ne voudrais savoir qu’une chose : l’aimes-tu au moins ? Est-ce qu’il en vaut la peine ? Notre Molière a t’il prévu un mariage ?

-La ferme !

-Je préférais lorsque tu jouais la comédie, l’actrice ne vaut pas le personnage !

-C’est souvent le cas. »

Aline s’assit sur un siège en face du bureau de Cioran qui était de l’autre côté et prit le talkie-walkie. La portée était assez éloignée, mais ceux qu’elle aurait en ligne seront forcément autour de la maison. Elle imita la voix de son patron du mieux qu'elle put, le grésillement aidant à camoufler le timbre quelque peu féminin :

-« Venez dans mon bureau tous immédiatement avec des cordes ! Et vite, bande de fainéants inutiles ! Je n’ai pas que ça à faire, corriger vos erreurs ! »

Elle ferma la communication.

-« Allons, je ne crie pas autant !

-Vous devriez enregistrer les communications comme celle que j’ai surpris tout à l’heure. »

Cioran eut l’air mal à l’aise mais il ne dit rien.

Le personnel arriva petit à petit, et Aline devint le centre d’un cercle de canons.

Celui du pistolet d’Aline était contre la tempe de son patron.

-« Mes très chers amis, merci d’avoir répondu à l’appel. Je tiens à préciser que si l’un de vous tire, vous vous retrouverez tous au chômage. Pour éviter une telle catastrophe, je vous invite donc à déposer vos armes à vos pieds et à les faire glisser vers moi. »

Cioran hocha la tête et ils obéirent.

-« Si vous n’obéissez pas à tous mes ordres, je tiens à dire que d’ici deux heures et quatorze minutes exactement (Aline fit mine de regarder sa montre), un dossier contenant les curriculum vitae de vous tous atterrira dans les mains expertes de la police, et moi seule peut empêcher ça. Maintenant mettez-vous par deux et attachez-vous solidement. Je vérifierais et les mauvais joueurs gagneront une balle dans la tête comme les deux chiens qui m'ont accueilli en arrivant. »

Tous s’exécutèrent et ils ne resta bientôt plus qu’une seule personne de libre.

-« Cioran, attachez-le ! »

L’homme obéit de mauvaise grâce. Lorsqu’il eut finit, Aline s’approcha du grand mafioso et avant qu’il eut le temps de réagir, elle lui asséna un coup de crosse. Il s’écroula. Elle l’attacha solidement et vérifia des cordes des cinq autres hommes. Ceux-ci avaient assez scrupuleusement suivit ses consignes et elle n’eut qu’un nœud à refaire. Il lui resta ensuite un petit tas de cordes qu’elle laissa là. Elle s’approcha du bureau, prit le téléphone qui y reposait et le colla à son oreille. Au moment où elle allait composer le numéro, elle vit en tournant la tête un éclair furtif venant d’un peu au-dessus de la porte. Elle reposa le combiné pour aller voir.

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