Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gaya sur sa lune
Derniers commentaires
4 septembre 2008

Vacances forcées : A bonne chère, bon hôte; a bon hôte, bon ami

Sur la table était posé deux couverts de jolie vaisselle en argent, autour d’assiettes de porcelaine et de verre à pieds. Le tout était posé sur une grande nappe blanche.

            Un homme était assit sur une des nombreuses chaises qui entouraient la grande table, devant un des couverts. Il était grand, pas autant tout de même que celui qui était venu me chercher, roux presque rouge. Son visage était très pâle et parsemé de nombreuses tâches de rousseurs. Ses yeux bruns semblaient n’être que des pupilles géantes, sans iris.

            C’était la première fois que je voyais cet homme. Il paraissait triste, malgré son sourire, et bien qu’il le cachât du mieux qu’il le pouvait – et il y réussissait plutôt bien - mais je dois avoir un don pour deviner ce qui se passe dans la tête des gens.

-« Bonjour mademoiselle. Je crains que vous ayez raté le petit déjeuner, mais le déjeuner est presque prêt. Peut être nous feriez vous l’honneur de partager notre repas. »

Je sentis alors à cet instant que mon ventre criait famine. Je regardai ma montre. Il allait être bientôt midi. Voilà dix-sept heures que je n’avais pas mangé. J’avais maintenant très faim.

-« J’aurais beaucoup aimée, mais j’ai un rendez-vous très important à ne pas manquer, vous m’en voyez navrée. Peut être un autre jour. Si vous pouviez avoir l’obligeance de me raccompagner chez moi, ce serait très aimable à vous. »

Je fis mine de partir, mais son homme de main, dont laquelle, j’en étais sûre, m’avait braquée avec le revolver la veille, était posté devant la porte.

-« Je l’aurais fait, soyez en sûre, avec joie, si l’occasion avait été meilleure, mais maintenant, vous me voyez dans la nécessité de vous garder quelques jours dans cette maison. »

Je repris mon sérieux, me retournais et le regardais dans les yeux. Finalement, les yeux noirs lui allaient bien. J’aurais peut être pu m’y noyer si j’avais regardé dedans trop longtemps.

-« Que voulez-vous de moi ? »

Je redoutais la réponse, mais il fallait bien que je le demande. S’il ne répondait pas, ce serait mauvais signe pour moi, s’il répondait, ce le serait probablement aussi, mais au moins, je saurais à quoi m’en tenir.

-« Je voudrais, tout simplement, pour le moment, que vous vous asseyez à ma table. »

Un de mes gardes du corps tira la chaise qui était devant l’autre assiette.

-« Merci beaucoup, mais je suis très bien debout…

-Je vais donc devoir vous obliger à m’obéir, et cela me déçoit tant. Nous ne partons pas sur de bonnes bases et c’est triste. Vous feriez mieux de vous montrer coopérative, sinon vous me trouverez forcé d’employer des méthodes que j’abhorre employer. Cela ne sera ni agréable pour vous, ni pour moi, bien je m’en porterais probablement mieux que vous. »

Tout compte fait, j’allais m’asseoir, c’était peut être plus prudent.

            Il avait l’air réellement déçu, et cela m’intrigua beaucoup. Je ne savais que penser de lui et de ses attitudes bizarres. Disons que j’avais tout prévu, sauf cela. Qu’est ce que je faisais la et qu’allait-on faire de moi était deux questions qui demeuraient sans réponse !

            Il ne reprit point la parole, au repas, sauf pour dire merci aux serveurs qui apportaient les plats. Je n’y avais pas fait attention sur le coup, mais, moi-même mise à part, il n’y avait pas la moindre présence féminine. Ca n’était pas important, mais ça confirmait que les femmes ne trempent pas dans des affaires louches. Disons aussi qu’une autre présence féminine aurait détendu l’atmosphère, du moins pour moi. Mettez-vous à ma place, en telle compagnie et dans de telles circonstances, et je n’ai pas la prétention de me trouver belle, mais l’on peut se poser des questions.

            Les seuls bruits que l’on pouvait percevoir étaient le crépitement du feu, les couverts qui s’entrechoquent, et les bruits de la mastication.

            J’avais faim, mais je refusais de manger à cette table, me conduisant ainsi certes comme la plus sotte des gamines peut être. Cela devint rapidement un supplice. Voir tout le monde manger quand on aimerait bien en faire autant fait qu’il nous est très difficile de faire un effort de volonté pour s’abstenir de piquer dans son assiette. Je piquais alors, doucement, sans faire de bruit et portais les aliments à ma bouche. C’était bon. Très bon même. C’était autre chose que ma cuisine, là, c’était de la vraie.

            Je me mis alors à manger de bon cœur. Je devais en être à ma quatrième bouchée, quand je vis, furtivement mais nettement, j’en aurais mis ma main à couper, que mon hôte souriait.

            J’eus peur. Qu’avais-je mangé ? Peut-être y avait-il du sérum de vérité dans la sauce ! Il est vrai que lorsque l’on se fait enlever, on a du mal à faire la part entre réalité et fiction, mais de toute façon, je n’avais rien à leur cacher, sauf le numéro de ma carte de crédit, mais j’avais la nette impression que ce n’était pas ça qu’il voulait. Alors quoi ?

Du poison ! J’y étais. J’avais trouvé ce qu’il y avait dans mon assiette. J’étais contente d’avoir réussi à trouver… Mais un court moment… Je n’avais aucune envie de mourir, cette idée était horrible à supporter. Mourir, néant, fini, sans vie ! Toujours voir les points positifs… Vous en voyez, vous, des points positifs (parce que pour moi, le monde enfin débarrassé de moi, ça ne marche pas) de mourir ? Si au moins j’étais en pleine dépression ! Mais même pas ! En plus, il fallait que je reste en vie, si je voulais faire quelque chose pour le procès.

C’est là que j’ai enfin compris ce que je faisais là. Ils devaient tout simplement avoir pour ordre de m’empêcher par tous les moyens d’aller témoigner ! Et là, ils m’avaient empoisonné ! Si au moins je n’avais pas vu son sourire ! Je serais morte sans m’en apercevoir ! Bon, je me serais peut-être étouffée et ça aurait été douloureux une minute, mais là, l’attente de la mort était pire que tout, sachant que je ne pourrais absolument rien y changer ! J’étais trop jeune pour mourir, beaucoup trop jeune ! Si au moins j’avais su profiter de la vie…

Mais figurez vous que le poison ne m’a pas tué… Suspense, devinez comment j’ai fait ? Ce n'est pas compliqué, au niveau du plus débutant s’il a de la chance… Bon, d’accord, il n’y avait simplement pas le moindre poison.

Ayant terminé de manger, et moi de même, mon hôte se leva et m’invita à le suivre.

-« Il est inutile de chercher à fuir. Cette demeure est digne d’avoir été construite par Dédale. Vous seriez très rapidement perdue et retrouvée et cela vaut par ailleurs mieux pour vous. »

Je fus bien obligée de le suivre, et mes geôliers me le firent bien sentir. Je ne connu pas la maison comme ma poche. Cet endroit était un enchevêtrement de couloirs obscurs, coupés de nombreuses portes qui se ressemblaient dont la plupart m’étaient fermées, et de lampes qui n’éclairaient que faiblement. Cela donnait une impression de mystère, et aussi, il est vrai, un certain charme.

            La dernière des quelques salles que j’ai pu visiter fut une bibliothèque.

Elle était immense, avec un nombre incalculable de livres. Plusieurs colonnes soutenaient les poutres de bois. C’était de belles colonnes de bois sculpté, représentant des histoires qui ont du, avec le temps être oubliées, à moins qu’il ne s’agisse en fait de la vie de celui qui avait habité là il y a bien des années de cela. Les vitres étaient des vitraux qui projetaient sur le sol de nombreuses lumières colorées.

J’entrais au paradis des lecteurs. Mon hôte me tira la chaise du bureau.

-« Quel galant homme !

-Je vous en prie, ne raillez pas. »

Il avait une voix plutôt claire, chose très rare, et parfois un peu ridicule chez un homme.

Il devait essayer de se maîtriser, je pense, car son visage tremblait et devait avoir envie de lever la main sur moi. Ayant peur de la gifle imminente, je décidais de ne plus rien dire, moi, la timide, devenue si dangereusement bavarde. Il est vrai que voir quelqu’un se faire assassiner, ou du moins l’entendre et deviner ce qui est en train de se dérouler à quelques mètres de soi change les gens. Cela doit leur donner envie de pouvoir s’exprimer, c’était du moins mon triste cas. Une grande peur de mourir avec un point de vue très railleur sur ce qui paraît moins grave. C’est le principe du tout blanc tout noir, avec une mauvaise conscience par surcroît.

-« Vous avez quartier libre jusqu’à ce soir dans cette bibliothèque. »

Je me préparais à faire le salut du soldat, mais j’y renonçais, en fin de compte, pour tenir la promesse que je venais de me faire de ne pas le provoquer.

Publicité
Commentaires
L
loool j'adore le commentaire précédent... :D après le repas de cette très attachante héroïne, je vais de ce pas, me sustenter. A plus tard!
P
Je vais enfin pouvoir lire ton histoire dans l'ordre.lol J'ai hâte de voir la suite et la manière dont elle va se sortir de cette situation. Aussi hâte de lire des histoires inédites. Je suis fière d'être celle qui inaugure ce blog. D'habitude on casse une bouteille de champagne sur la chose qu'on inaugure mais je pense pas que mon ordi va apprécier. Oui je sais un blog n'est pas un bateau. Désolée pour cette blague totalement ridicule mais les gens ne lisez pas mon commentaire mais plutot les histoires de Gaya qui sont beaucoup plus intéressantes et inspirées. Bonne continuation miss.
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité