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Gaya sur sa lune
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4 septembre 2008

Vacances forcées : Mission impossible ou James Bond ?

J’essayais de ne pas succomber à la tentation de ses milliers de livres tout autour de moi, et pourtant, ce n’était pas l’envie qui m’en manquait. Mon hôte était parti et je me retrouvais seule avec mon geôlier, que, par sa carrure, je décidais d’appeler ‘’l’ours’’.

Celui ci avait posé son arme sur un autre bureau sur lequel il s’était lui-même assis et lisait un des magazines qu’il avait trouvés dans une petite corbeille à ses pieds. Je savais qu’il me surveillait du coin de l’œil. Mon but étant bien entendu de sortir au plus vite de cette terrible maison, je décidais de jouer mon rôle et de le mettre en confiance. Pour cela, j’allai piocher un livre tout à fait au hasard. Je me mis à lire. Je ne comprenais rien à l’histoire que je lisais tant mon attention était fixée sur l’ours. Il m’arrivait même d’oublier de tourner la page et de relire cinq fois le même passage. De toute façon, cela ne faisait rien, puisque je ne cherchais justement pas à comprendre le livre, mais à trouver un moyen de m’en aller d’ici.

Au contraire, l’ours, lui, était plongé dans sa lecture qui semblait, à le voir, passionnante.

Je me rapprochai de lui, où plutôt, disons les choses comme elles sont, de son revolver qui m’attendait sur le coin de la table.

J’avançais doucement, sans faire le moindre bruit, bien qu’il me semblât que le sol s’amusait à grincer à chacun de mes pas. Je m’aperçus alors que je tremblais terriblement, et qu’au fur et à mesure que j’avançais, cela s’accentuait. L’issue de mon acte me sembla alors encore plus incertaine qu’auparavant.

Je me retournai subitement pour retourner en arrière, et fit tomber, au passage, sans le faire exprès, un énorme livre de la grande étagère. Le bruit me sembla énorme. Si l’étagère était tombée, je suis sure que cela n’aurait pu faire plus de boucan !

L’ours releva la tête. Il semblait étonné de me voir aussi proche de lui, alors que j’étais sensée lire à l’autre bout de la pièce.

-« Que faites-vous là ? »

Je me sentais blêmir. J’avais tout raté.

-« Je… Je prenais un autre livre… Maladroite… Un peu… Je… »

Mes yeux s’embrumaient, je commençais à me sentir vraiment mal à l’aise. Soudain, sans me l’être commandée, je me mis à courir le plus vite possible. Je le sentais plus que je l’entendais derrière moi. J’avais l’impression de courir très lentement, mais je n’arrivais à augmenter la cadence. Il allait bien probablement me rattraper, mais je devais le distancer et m’échapper. J’avais lu quelque part qu’il fallait toujours saisir la première opportunité, car il y en avait rarement d’autres. La poignée était dans ma main, j’ouvris grand la porte. Le couloir était toujours aussi sombre, mais je n’eus aucune hésitation. Quitte à me retrouver nez contre mur, je devais y aller.

            Je ne compris pas tout de suite ce qui m’arrivait, mais je sentais que l’on me tirait en arrière. Une grosse main s’agrippa à mon bras. Je ne sais d’où me vint ce courage, mais je m’apprêtais à frapper l’ours. Je retins mon souffle, et criai en me retournant pour augmenter ce courage inattendu, mais ce fut le contraire qui m’arriva. Je me sentis soudain très faible. Je voyais l’ours, tranquillement assis au bureau, au fond de la bibliothèque, mais les autres gorilles qui étaient venus me chercher le matin à la chambre me retenaient. Je n’opposais donc pas de résistance lorsqu’ils me ramenèrent dans la salle.

-« Allons bon, ayez un peu de bon sens, vous voyez bien que vous êtes ici en sécurité. Un rat ne passerait pas. Ne me prenez plus pour un imbécile et restez tranquille. Vous serez libres très bientôt, n’ayez crainte. »

Sur ces mots, il eu un petit rictus.

-« Libre et morte ! Cela ne me tente décidément pas. En fait, je pense, si je puis me permettre, que nous serons enfin d’accord une fois que je serais sortie de cette maison… les pieds derrières, si vous voyez ce que je veux dire… Non… ce n’est pas grave… »

Je me tus et baissais la tête en me mordant les lèvres. J’avais la nette impression d’en avoir dit plus que de raison et que, dans cette maison, je n’aurais jamais le dernier mot.

            Je suivis la ménagerie qui me reconduisait à ma chambre. Le repas du soir me fut apporté, mais je ne mangeais pas, je n’avais pas faim.

            La nuit était tombée déjà depuis quelques heures et j’essayais de dormir. Je n’y arrivais pas. Il me semblait entendre toute sorte de bruits ; des portes qui grincent, des pas claquants sur le sol de pierre, et même un bruit étrange, comme si on avait mis une pendule à coté de moi. Tic tac, plus ma peur montait, plus l’ampleur de ce bruit augmentait. Boum boum : un nouveau bruit s’ajoutait au premier, tel un début d’orchestre qui aurait pu s’intituler symphonie de la peur, du grand compositeur La Nuit. Mon angoisse était à son comble…

            Soudain, tout s’éclaircit et je compris. Cela me fit bien rire... enfin, rire est un grand mot, ricaner de soulagement plutôt. J’associais le tic tac à ma montre, car j’avais mis mon bras sous mon oreiller, et donc le bruit auquel, d’habitude, on ne fait guère attention, avait, dans ma peur, prit une proportion très importance. C’est par cela qu’est venu le boum, propre expression de mes battements de cœur. J’étais à nouveau relativement détendue.

            A ce moment, le verrou fut soudain tiré. Je glissais rapidement sous la couverture et fermais les yeux. Je sentais que quelqu’un avait pénétré dans la chambre. Je me risquais à entrouvrir un œil. Mon hôte, que je n’avais point revu depuis le début d’après midi, se tenait sur le seuil de la chambre.

-« Dormez-vous, mademoiselle ? »

Je ne répondis pas. Je l’imaginais déjà s’approcher à petit pas, et j’était prête. J’étais prête à l’attaquer ; à l’assommer dès qu’il serait à ma portée. Comme un chat tendu, attendant sa proie, et prêt à lui sauter dessus, le seul ennui, c’est que très rares sont les chats dont les proies sont des chiens. Enfin, je comptais sur l’effet de surprise. Cela peut aider, parfois. Mais le plus étonné des deux ne fut pas celui que j’avais escompté.

            Il ne s’approcha même pas de moi, il ne me jeta même pas un regard, il s’en alla, et, avant de refermer la porte, il murmura un faible « bonne nuit », puis j’entendis son pas rapide s’éloigner. Je me retrouvais de nouveau seule avec l’obscurité. J’étais frustrée, vexée. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. C’était la cerise sur le gâteau. On m’enlève, et on ne cherche même pas à savoir si tout est bien fermé, et si je ne peux pas m’échapper, et pourtant, les plans de sortie que je fais, sont voués à l’échec. De plus, je n’ai même pas été informée de la raison de cet enlèvement.

            Ce n’était pas vraiment l’idée que je m’en étais faite. Pas de baillons, ni sur les yeux, ni dans la bouche ; pas de liens solidement attachés à une chaise. J’avais tout de même droit au gardien, pour ne pas avoir trop l’impression d’être une invitée ordinaire.

            Je ne sais combien de temps je restais éveillée, sur le dos, sans bouger, mais j’ai dû finir par m’endormir, tard soit, mais le sommeil à tout de même réussi à me gagner, dans ma douce prison car, je fus tirée du lit par un soleil déjà haut dans le ciel.

            Je m’aperçus alors que, contre toute attente, la porte était entrouverte. Je sortis dans le couloir, sur lequel seule ma chambre diffusait de la lumière dans cette étouffante obscurité. J’étais à l’écoute de tous les bruits. J’essayais alors de trouver une sortie à ce labyrinthe infernal que me proposait la maison. Je commençais par essayer d’ouvrir les portes qui donnaient sur le couloir. Toutes étaient fermées à clef. Je commençais à m’impatienter, j’avais peur d’une condamnation à mourir de faim. Finalement, je préférais encore être empoisonnée. Je continuais ma reconnaissance des portes. Elles se succédaient à une vitesse incroyable dans mes mains. Soudain l’une d’elle s’ouvrit sous ma poussée. Comme je ne m’y attendais pas, l’ouverture se fit avec grand fracas… et dû être spectaculaire pour l’ours et mon hôte qui discutaient dans la salle, qui par ailleurs, était la salle à manger. Mon entrée triomphante ne manqua de faire lever les deux têtes. Je tentais de refermer la porte discrètement et de rebrousser chemin, mais c’est étonnant, ils ont découvert que j’étais là !

-« Allons, revenez, vous ne nous dérangez pas du tout ; justement, nous vous attendions. »


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